L’album à photographies de Victor Prouvé, lot 10 de la vente TAJAN du 17 Novembre prochain, est porteur d’un multiple intérêt artistique.
La création d’un nouveau type de reliure
Cet album est l’illustration d’un nouveau type de reliure que Victor Prouvé a mis au point avec la collaboration du relieur d’art René Wiener et l’artiste Camille Martin. Si aujourd’hui les reliures de Victor Prouvé, réalisées à la fin du XIXe siècle à Nancy, séduisent par leur délicat décor et leur finesse d’exécution, elles ne firent pas l’unanimité auprès de leurs contemporains. « La reliure de Nancy y apparut en 1893, bruyante, voyante, provocante, extravagante, contestable, de mauvais exemple, tout ce que vous voudrez. Mais ennuyeuse non pas ! », relate ainsi le critique d’art Henri Béraldi dans un ouvrage de 1895 consacré à La reliure au XIXe siècle.
Une pièce d’exception
Son fermoir en métal argenté est une sculpture végétale très épurée et d’un intérêt stylistique particulier dans l’œuvre de sculpteur de Victor Prouvé. Sa conception datable de 1897, n’emprunte plus au registre symboliste si bien représenté par ses œuvres passées et si largement exprimé dans sa coupe La Nuit créée en 1894.
Lors de l’exposition de Marsan en 1903, un album photo avec fermoir appartenant à M. Ferlin, et un autre appartenant à M. Garnier sont présentés. Vu la prédominance des photos représentant Blanche Ferlin dans cet album, il semble qu’il s’agisse de l’album à photographie provenant de la famille Ferlin.
Le précieux album personnel contient en effet diverses photographies de Blanche Ferlin (future épouse Floquet ) et de Marie Duhamel (future épouse de Victor Prouvé). On y retrouve également diverses photographies de l’atelier de Victor Prouvé au moment de la création des plâtres d’atelier du monument à Sadi Carnot (1896), des villégiatures à Géradmer chez la famille Garnier, des vues de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris et diverses vues de la famille et belle-famille de Victor Prouvé.
Victor Prouvé (1858-1943)
Naît à Nancy en 1858 dans une famille d’artisans, son père, Gengoult, dessinateur en broderies et modeleur céramiste, collabore à la production céramique de Gallé père. Victor Prouvé est remarqué pour ses talents de dessinateur par Charles et Émile Gallé, qui lui demandent diverses contributions dès 1871, puis en 1889 où divers modèles seront exposés sous la double signature Émile Gallé et Victor Prouvé.
Il reçoit parallèlement une formation de peintre à l’École municipale de dessin de Nancy, puis à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il interviendra dans de nombreuses disciplines artistiques : dessin, peinture, sculpture, gravure, reliure…
En 1893 Victor Prouvé connaît une reconnaissance nationale et internationale grâce à neuf reliures réalisées avec le relieur d’art René Wiener et l’ar ste Camille Martin. Leurs recherches conjointes ont abouti à un renouvellement complet de l’art de la reliure et du travail du cuir par la combinaison de la pyrogravure et de la technique de la mosaïque des cuirs. Cette technique de mosaïque de cuirs incisés et pyrogravés permet de créer des œuvres très abouties et très sensibles. Ainsi au-delà des reliures d’ouvrages seront également créés quelques coffrets et albums de photographies.