Adjugées le 20 novembre 2024 chez Tajan à Paris
Figure discrète des arts décoratifs français de l’après-guerre, la céramiste Valentine Schlegel est revenue en force dans le monde de l’art et du design contemporain, il y a quelques années, grâce à la redécouverte de ses vases sculptés, aux formes organiques. La première grande exposition à remettre ses œuvres en lumière lui a été consacrée par Pierre Staudenmeyer, en 2004. Puis c’est le Centre d’Art Contemporain de Brétigny qui lui consacre une exposition en 2017, au titre singulier « Cette femme pourrait dormir dans l’eau ». On redécouvre également ses œuvres, son atelier ou son mode de vie, au travers des très nombreuses photographies en noir et blanc, prises par Agnès Varda, tout au long de leur vie.
Valentine Schlegel est née en 1925, dans le port méditerranéen de Sète. Quand elle est adolescente, sa famille la laisse s’adonner à des activités manuelles et sportives, ce qui n’était pas vraiment considéré comme faisant partie de l’éducation d’une jeune fille à l’époque. C’est auprès de son père artisan-tapissier que Valentine a appris à aimer le travail manuel et les outils qui le rendent possible. Pendant la guerre elle a fait la connaissance d’Agnès Varda venue s’installer à Sète avec sa famille. Elles ne se quitteront plus jamais. Elle étudie le dessin à l’école des Beaux-Arts de Montpellier puis s’installe à Paris en 1945. C’est à cette période, aux côtés de Frédérique Bourguet, qu’elle se concentre sur la création de céramiques originales. Elle travaille également avec l’une de ses sœurs, Andrée Vilar, mariée à Jean Vilar, le fondateur du Festival d’Avignon.
A partir de 1955 elle conçoit une série de vases en faïence chamottée façonnée au colombin et émaillés de tonalités sourdes (gris, bleu-noir, blanc, vert-brun). Les formes sont organiques et jouent autour des pleins et des vides. La matière, elle, semble burinée à sa surface. Dans ses vases, qui rappellent les formes de la nature (germe, racine, bulbe, tubercule, …), elle traite à sa manière les tendances contemporaines de la sculpture organique et du design, son travail se situant toujours entre l’utile et l’artistique. À bien des égards, elle a contribué à changer la position des femmes dans l’industrie céramique. De nature aventureuse, elle s’est passionnée pour ce travail manuel et physique, jusqu’à son décès à l’âge de 96 ans en 2021.
Nous présentons un vase-sculpture monumental issu d’une collection privée, documenté grâce aux photos d’Agnès Varda, lors d’une exposition à la galerie la Demeure en janvier 1957. Le vase y figure, posé sur le rebord d’une fenêtre, agrémenté de branchages, comme Valentine Schlegel aimait à montrer ses pièces : avec une utilité ! « J’ai pensé que c’était aux sculpteurs d’inventer des pots et je me suis posé la question : comment un sculpteur ferait-il un pot ? Un pot est destiné à recevoir des fleurs. Sans fleurs, il n’est plus rien. Pour avoir une vie propre, il doit être aussi une sculpture » disait-elle.
La deuxième œuvre provenant de cette collection sétoise est un pichet réalisé en collaboration avec sa sœur Andrée Vilar. En effet au début de sa carrière de céramiste, Valentine tourne les pièces et Andrée les peint. Cette verseuse est donc le fruit de leur collaboration et porte leurs deux signatures.
Nous présentons par ailleurs un second vase exposé en janvier 1957 à la galerie La Demeure, figurant lui aussi sur un cliché d’Agnès Varda, provenant d’une autre collection privée parisienne. Sur cette photo datant de 1957, on le voit posé sur une étagère devant laquelle se tient l’artiste. Ce visuel en léger clair-obscur nous montre le vase garni de tiges végétales. La planche contact conservée à l’Institut pour la Photographie de Lille, nous a permis de retracer l’histoire de cette œuvre. Sans les photos d’Agnès, l’histoire de ces céramiques n’aurait pu être retracée. Ces pièces restées dans la même famille depuis leur acquisition étaient inconnues sur le marché et sont aujourd’hui redévoilées par la Maison Tajan.
VALENTINE SCHLEGEL (1925-2021)
Vase en terre façonnée au colombin et faïence chamottée à corps libre reposant sur trois hauts pieds, émail gris clair.
Trois vases amovibles en plomb formant réceptacles pour les fleurs, épousant les ouvertures de la partie supérieure.
Signé sur un pied.
(Petits éclats, fêles et manques)
Haut. 47,5 cm – Larg. 43 cm – Prof. 38 cm
Provenance : Collection privée, Sète
Estimations : 30 000 / 40 000 €
Résultat : 80 032 € (frais compris)
VALENTINE SCHLEGEL (1925-2021) ET ANDRÉE VILAR (1916-2009)
Pichet « oiseau » en terre rouge, à décor peint et essuyé d’un oiseau et de rameaux d’olivier, engobe noir ; intérieur émaillé.
Signé au revers de la base « Schlegel » et des initiales AV dans un cartouche ovale.
(Un petit accident au bec)
Haut. 23 cm – Larg. 15 cm
Provenance : Collection privée, Sète
Estimations : 4 000 / 5 000 €
Résultat : 8 528 € (frais compris)
VALENTINE SCHLEGEL (1925-2021)
Vase de forme organique, en faïence chamottée façonnée au colombin,
émaillé blanc, à la surface ciselée de stries. Signé au revers de la base.
Haut. 33 cm – Larg. 17 cm
Provenance : Collection privée, Paris
Estimations : 8 000 / 12 000 €
Résultat : 21 648 € (frais compris)
INFORMATION
Vente Arts décoratifs & design du 20e siècle
Mercredi 20 novembre 2024
CONTACTS
Marie-Cécile Michel – Directeur Arts décoratifs & design du 20e siècle
+33 1 53 30 30 58 – [email protected]
Ariane de Miramon – Directeur Communication
+ 33 1 53 30 30 68 – [email protected]