Charles-Frédéric Brun dit Le Déserteur
« C’est, à l’abord, un personnage de Victor Hugo. Plus que de la frontière française, il sort des Misérables avant la lettre. Il a les mains blanches et il va au peuple. Il est peut-être évêque et il s’abandonne à la charité publique. Il a dû commettre on ne sait quel crime, en tout cas celui d’anarchie : quelque chose on ne sait quoi, flamboie dans son passé. Il est simple avec grandiloquence. Il parle de Dieu comme un enfant. Il est le jour et la nuit, le noir et le blanc, le bon et le mauvais, tout y est. «
Jean Giono, Le déserteur, Editions Gallimard, Paris, 1973, p.25
LE DÉSERTEUR, CHARLES-FRÉDÉRIC BRUN DIT (1811-1871)
Saint Joseph, Saint Jean, 1867, 14 mai
Beuson, Joseph Marie Glassay
Gouache et encre sur papier
Signée en bas à droite C.F.B.
37 x 22,5 cm
20 000 / 30 000 €
On ne sait presque rien de lui. Une signature griffonnée parfois, « C.F.B. » pour Charles-Frédéric Brun. Pas de biographie, pas de date, juste un sobriquet : le Déserteur – qui déjà dit beaucoup. Il désigne un homme en marge, peut-être colporteur, peut-être mendiant, assurément peintre autodidacte qui parcourt dans les années 1840 les vallées alpines Suisse dans le Valais, avec ses images religieuses comme bagage et comme identité. Son oeuvre échappe aux catégories traditionnelles, ni école, ni courant, ni technique savante. Elle appartient à un art rural, populaire, profondément enraciné dans le quotidien. Chez le Déserteur, la peinture ne cherche pas à plaire, elle tient lieu de prière, de mémoire, d’affirmation de foi. Il s’attaque aux grands sujets sans gêne ni équivoque parce que les saints du paradis ont pour lui la même trempe que les bergers du Valais.
Dans l’oeuvre que Tajan présentera en septembre prochain, deux grandes figures chrétiennes nous observent avec bienveillance, Saint Joseph et Saint Jean. L’artiste les traite avec le même respect qui tout être qui l’entoure, sans hiérarchie entre le sacré et le vivant.
Saint Joseph, patron des travailleurs et des familles, est représenté dans une tenue sobre mais noble. Il tient un bouclier décoré d’outils variés évoquant à la fois sa profession de charpentier et ses vertus spirituelles, marteau, scie, compas, autant de symboles du travail bien fait et de la vie honnête, des qualités que l’on retrouve aussi chez l’artiste. En face, Saint Jean-Baptiste, vêtu d’une cape de fourrure animale en référence à la description biblique de Jean-Baptiste vêtu de poil de chameau, désigne l’Agneau de Dieu « Ecce Agnus Dei », figure du Christ. Son collier floral semble annoncer sa victoire spirituelle de a plus pure des façons.
Une délicate décoration florale assure l’équilibre de la composition et vient relier Saint Joseph et Saint Jean. Ce sens aigu de l’ornementation nous ramène aux origines alsaciennes supposées du Déserteur. On retrouve avec précision le style de décoration des meubles peints et des sous verres typiques d’Alsace, de Bavières, du Tyrol et de Suisse. Le Déserteur est un homme bon et simple. Chez lui, rient que de la probité, un amour sincère de la nature et des choses. Et s’il peint la Vierge et les Saints, ce n’est pas pour donner le change.
François Mathey, René Creux, Le Déserteur peintre d’images Charles Frédéric Brun, cat. exp. Musée des arts décoratifs, juillet 1967, Edition Atelier Creux, Lausanne : 1967
Josef Wittlich
JOSEF WITTLICH (1903-1982)
Sans Titre
Gouache et tempera sur papier
80 x 60 cm
400 / 600 €
Jean Dubuffet
Couple de Figures, 1972, une oeuvre illustrant le procès de Dubuffet contre Renault.
Ce collage et feutre sur papier daté de 1972 est dédicacé à Jacques Robine, architecte et expert auprès de la cour de Paris. L’oeuvre est restée dans la famille Robine jusqu’à aujourd’hui. Entre 1973 et 1983 une bataille juridique fait rage entre Jean Dubuffet et la Régie Renault. La raison : une commande que Renault a passé à Jean Dubuffet pour le Salon d’été, un jardin-sculpture de 1800m2 qui doit être érigé au siège de la société à Boulogne-Billancourt. Mais le projet est abandonné seulement un an après le début des travaux par Renault. Pourquoi ? Renault évoque des surcoûts, des changements faits par l’artiste et surtout un problème d’étanchéité de la dalle sur laquelle repose le jardin-sculpture, un problème qui serait apparu à cause des mauvais calculs de l’artiste.
C’est ici qu’intervient Jacques Robine. En tant qu’architecte et expert, il statue sur le fait que l’oeuvre de Dubuffet commencée un an auparavant n’a pas endommagé la dalle. Il invalide les arguments de Renault visant à accuser l’artiste des problèmes structurels causés par sa sculpture. Afin de le remercier, Jean Dubuffet lui offre ce collage.
Cette oeuvre est un beau témoignage du soutien apporté par Jacques Robine à Dubuffet. Couple de figures se situe à une période charnière dans la production de Jean Dubuffet. L’année 1972 est l’apogée de son cycle de l’Hourloupe alors que commence la gestation du projet Coucou Bazar. L’Hourloupe commence en 1962 avec des croquis faits machinalement par l’artiste lorsqu’il est au téléphone. Il dessine avec un stylo bic noir des formes géométriques qu’il vient ensuite hachurer au stylo bleu et rouge. Ces dessins aux allures d’ectoplasmes vont peu à peu prendre vie et se singulariser. On retrouve dans Couple de figures les formes géométriques noires accumulées si typiques de cette production. Ces accumulation viennent modeler des figures, bientôt des personnages. Jean Dubuffet utilise ici le collage plutôt que le dessin car il image des figures mobiles. Les figures mobiles appelées « praticables » (modules découpés) s’animeront en un ballet de sculptures et peintures dans Coucou Bazar créé en 1973.
JEAN DUBUFFET (1901-1985)
Couple de figures, 1972
Collage et feutre sur papier
Signé et dédicacé « à Jacques Robine » en haut à droite
10 000 / 15 000 €
André Robillard
ANDRÉ ROBILLARD (né en 1931)
Fusil saturne étoile polaire
Assemblage technique mixte
Signé, titré et annoté « Adrine / Coline »
L. 71 cm
500 / 700 €
Jules Lefranc
JULES LEFRANC (1887-1972)
El Palacio, Oñate
Huile sur panneau
Signé en bas à gauche
Contresigné, titré et situé « Oñate » au dos
24 x 33 cm
1 000 / 1 500 €
Marguerite Burnatprovins
MARGUERITE BURNATPROVINS (1872-1952)
Visage
Crayon sur papier
Signé et inscrit en bas
1 500 / 2 000 €
Louis Soutter
LOUIS SOUTTER (1871-1942)
Madonne à l’enfant avec deux anges, 1923/1930
Crayons de couleur sur papier
26 x 17 cm
4 000 / 6 000 €
INFORMATION
Lundi 22 septembre 2025
Tajan, 37 rue des Mathurins, 75008 Paris
CONTACTS
Eva Palazuelos – Responsable
+33 1 53 30 30 48 – [email protected]
Loren Richard – Spécialiste
+33 1 53 30 31 06 – [email protected]