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Vente Art contemporain – Willem de Kooning

WILLEM DE KOONING

Vente Art Contemporain – 1er décembre 2021, à 19h à l’Espace Tajan

ƒ WILLEM DE KOONING (1904-1997) UNTITLED (MAN AND WOMAN), C. 1947-1948, Huile, graphite et fusain sur papier monté sur panneau, Signé en bas à gauche – Estimation sur demande

 

Alors que le musée de l’Orangerie à Paris examine dans une importante exposition intitulée “Chaïm Soutine / Willem de Kooning, la peinture incarnée”, la résonance de la pratique du premier sur le second ; Tajan est heureux de proposer – dans le cadre de sa Vente d’Art Contemporain du 1er décembre – une œuvre de Willem De Kooning – Untitled [Man and Woman] (Sans titre [Homme et femme]), c. 1947-1948, émail, graphite et fusain sur papier marouflé sur panneau de fibres, 54,8 x 42,5 cm.

 

Celui que la critique qualifiera de “géant de la peinture nord-américaine” naît en 1904 à Rotterdam. Il quitte l’école à l’âge de 12 ans et entre comme apprenti dans une entreprise de peinture d’enseignes. En parallèle, il entame une formation à l’Ecole des Arts et Techniques de la ville hollandaise, qu’il consolide ensuite à Bruxelles. Esprit cultivé, curieux et anticonformiste, trop à l’étroit dans son plat pays, lieu d’une enfance et d’une jeunesse âpres, en quête de nouveauté et d’émulation esthétique, De Kooning embarque pour les Etats-Unis ou, feintant  les mailles du filet administratif de l’immigration, il s’établit en 1926 à New York, illégalement. Il vit de petits emplois – peintre en bâtiment, décorateur – dans downtown Manhattan, entre quartiers d’immigrants européens laborieux et enclaves modestes dévolues aux artistes. Les réalisations de ses premières années sont marquées par l’influence de Picasso et Matisse dont il admire et connaît finement le travail. En 1929, année funeste qui marque la fin des roaring twenties, mais également l’inauguration d’une institution muséale d’envergure, le Museum of Modern Art (MoMa), il se lie d’amitié avec celui dont il s’autoproclamera disciple, Arshile Gorky (1904-1948), dernier à rejoindre le cercle étroit des Surréalistes. Celui-ci, échappant au génocide arménien, s’était établi à New York en 1920. Les deux hommes partageront un atelier en 1947. A l’instar d’un grand nombre de ses contemporains, De Kooning prend part au programme de commandes gouvernementales mis en place par Roosevelt et, à ce titre, travaille sous la direction de Fernand Léger qui, avant de s’y établir définitivement en 1940, réalisa plusieurs séjours dans la mégapole. A noter, deux ans plus tard, Marcel Duchamp s’y installait également durablement, après y avoir séjourné une première fois en 1915. La ville était alors un concentré d’intelligentsia et de créativité en provenance du Vieux Continent : réceptacle fécond d’artistes, écrivains, de penseurs, créateurs, scientifiques en fuite des régimes nazi, fasciste et collaborateur qui sévissaient en Europe.

 

Durant une dizaine d’années, De Kooning s’attache à établir et affirmer son vocabulaire esthétique, délaissant peu à peu la veine surréaliste pour cheminer de la figuration vers l’abstraction. Cette décennie 1940 durant laquelle l’Europe est en proie à la Seconde Guerre mondiale, le centre de gravité artistique se déplace de Paris à New York. Le 30 mars 1946, le terme d’“expressionnisme abstrait” faisait son apparition dans un article du critique d’art Robert Coates publié par le très respecté New Yorker. Parcouru par des influences européennes il n’en constitue pas moins le premier véritable courant d’art abstrait éclot outre-Atlantique. Dont les éminents – et influents – penseurs et théoriciens américains, Clement Greenberg et Harold Rosenberg (celui-là même qui, en 1951, élaborera le terme d“Action Painting”), se feront les hérauts. Recourant aux très grands formats et au all-over, les membres de l’expressionnisme abstrait – notamment Jackson Pollock, Robert Motherwell, Mark Rothko, Arshile Gorky et, bien entendu, Willem de Kooning – croiseront dans un New York alors plus que jamais cosmopolite, nombre de Surréalistes et d’artistes européens. Pierre Matisse (1900-1989) fils cadet de l’artiste, avait dès 1931, au sein de sa galerie new-yorkaise, exposé l’avant-garde européenne, avec en point d’orgue historique son exposition de 1942, “Artists in Exile”. André Masson, Max Ernst, Roberto Matta, Salvador Dali, mais aussi André Breton seront des passeurs d’un système de références dont l’école de New York s’emparera pour une déconstruction-reconstruction en règle. La taille de la toile engage alors à une physicalité dans l’amplitude d’un mouvement qui se veut tout à la fois libre et précis.

 

De Kooning est demeuré sa vie entière attaché à transcrire la forme féminine. En revanche, il ne peint les figures masculines que de la fin des années 1930 au milieu de la décennie suivante. Il recourt bien souvent à sa propre silhouette dénudée face à un miroir. Il mettra également au point une sorte de mannequin composé de ses propres vêtements et chaussures rigidifiés à l’aide de colle et béton, et surmontés d’une tête en plâtre. Il existe ainsi peu d’œuvres de l’artiste présentant à la fois un homme et une femme. C’est le cas de l’œuvre proposée par Tajan, qui figure parmi les toutes dernières à présenter un duo homme-femme. On observe ici une dichotomie dans la posture des deux personnages, d’un côté en élévation pour l’homme, comme en état de réflexion ou d’admiration. Portant cravate et ample veste de tweed, suivant les canons de l’élégance des années 1940, il découvre un regard franc, fixé vers le haut. A son côté gauche, une femme vêtue d’une robe déstructurée aux teintes antagonistes et en disharmonie avec sa chevelure blonde semble lui adresser un regard menaçant, la bouche entrouverte laissant apparaître des dents presque aiguisées… En arrière-plan, une silhouette stylisée, de sexe indéfini, se tient entre eux deux, les bras levés au-dessus de la tête de femme, en un mouvement quasi ondoyant. Tous trois sont situés devant ce qui paraît être une vitrine de magasin ou une scène de théâtre. Cette œuvre est importante en ce qu’elle constitue une passerelle entre la première série “Woman”, entreprise par De Kooning au début des années 1940, et celle qu’il réalise à l’aube des années 1950. Peut-être annonce-t-elle les prémices d’une mutation de focale, la figure centrale – pour le moins ambiguë – se détournant de la forme masculine plane, pour porter son attention sur la femme, étrange et insaisissable.

 

Durant les décennies qui suivront les années 1950, De Kooning poursuivra inlassablement ses recherches formelles. La maladie d’Alzheimer mettra un terme à son activité picturale en 1990, l’artiste décèdera sept ans plus tard, à l’aube de son 93e anniversaire.

 


Untitled [Man and Woman] (Sans titre [Homme et femme]), c. 1947-1948 –émail, graphite et fusain sur papier marouflé sur panneau de fibres, 54,8 x 42,5 cm – provient de la collection de l’artiste. Elle a été successivement acquise par la Collection Al Lazar (New York) ; M. et Mme Burt Kleiner (Los Angeles) ; la galerie Allan Stone Gallery (New York), auprès de laquelle l’actuel propriétaire en a fait l’acquisition.

Elle a fait l’objet de trois monstrations, avec une première exposition tenue à Beverly Hills, chez le célèbre galeriste Paul Kantor (“Willem De Kooning” April 3 – March 29, 1961, illustrated in color (titled Two Figures; dated 1947; medium listed as oil on masonite). A New York, à la galerie Allan Stone, “Willem de Kooning: Liquefying Cubism,” du 27 octobre 1994 au 22 janvier 1995. Enfin, lors de la rétrospective au MoMa, du 18 septembre 2011 au 9 janvier 2012.

 


Découvrez en vidéo la présentation de l’œuvre de Willem De Kooning qui passera en vente le 1er décembre 2021 :


Vente

Art Contemporain, 01 décembre 2021 à 19h à l’Espace Tajan

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