CHARLES GILLES DUTILLIEU (PARIS 1697-1738)
Un vase en bronze orné de fleurs de pommiers, de roses blanches, d’une rose panachée et d’une rose mousseuse posé sur une margelle ; Un vase en verre orné de fleurs doubles de cerisiers, de giroflées, d’une anémone coronaria et d’une anémone double posé sur une margelle
Paire de papiers marouflés sur panneau
A bronze vase decorated with apple blossoms, white roses, a variegated rose and a mossy rose set on an edge; A glass vase decorated with double cherry blossoms, wallflowers, a coronaria anemone and a double anemone placed on an edge, pair of papers laid on panel
22,50 x 20,50 cm - 8,9 x 8,1 in.

    Notes:
  • Peintre de fleurs parisien très estimé, Charles-Gilles Dutillieu ou Dutilleul peint, au début de sa carrière, les ornements floraux des carrosses et des meubles dits cabinets. Il se forme dans l’atelier de Couvin, élève de Belin de Fontenay (1653-1715) et se spécialise dans la peinture de fleurs des
    trumeaux, de dessus-de-porte et de plafonds, un genre en plein essor entre la fin du XVIIe siècle et la première moitié du siècle suivant. Il est reçu à l’Académie de Saint Luc en 1720, et c’est lui que François Lemoine choisit pour réaliser les festons en grisaille supportés par des amours ainsi que les pavots de Morphée et les guirlandes de Zéphyr et Flore du Salon d’Hercule que le peintre d’histoire peint à Versailles. Parmi les décors importants qui ont jalonné sa carrière, notons ses travaux à Chantilly pour le Duc du Maine et à Sceaux pour la duchesse du Maine.
    Dans une ampoule en verre dont la silhouette délicatement évasée évoque une goutte d’eau, flottent les tiges de quelques fleurs prisées comme l’anémone double et l’anemone coronaria.
    Différentes variétés de roses : la panachée ou rosa Gallica, la rose mousseuse et les roses en grappes sont assemblées dans un autre vase, en bronze cette fois, dont le pied est capricieusement chantourné. La composition montre une grande maîtrise des codes propres à la peinture de fleurs française de l’âge classique. À travers une économie de moyens remarquable, ces codes s’attachent essentiellement à disposer les teintes de façon à suggérer le volume de l’objet représenté, en tenant compte des lois qui régissent la perception : c’est la science de la perspective aérienne. Une ligne de fleurs blanches est dessinée par la branche du cerisier, les anémones et la giroflée d’un côté ; tandis que de l’autre, elle est matérialisée par les roses blanches en grappe et les fleurs d’orangers.
    Cette ligne incarne tout à la fois le ton blanc, le rayon lumineux, et se place précisément à l’endroit où l’œil perçoit tout d’abord les couleurs et tout d’abord la couleur blanche (puis les tons chauds, enfin les tons froids) à savoir au centre. En décentrant légèrement ce ton, captant la vision, le peintre déjoue ce que «les classiques» auraient perçu comme disgracieux, à savoir une application trop rigide des lois de la perspective aérienne. C’est ainsi que cette ligne, à la fois ton et lumière, n’est pas parfaitement au centre et qu’elle dessine moins une droite qu’une parabole.
    C’est en effet en travaillant les écarts minimes par rapport à toute forme de centralité qui régit le goût tout français de la «belle symétrie», que les peintres de fleurs issus de l’école de Monnoyer atteignent l’idéal harmonique préconisé à cette époque, notamment dans le contexte de l’Académie de Peinture. Dutilleu, quoi qu’attaché à l’Académie de Saint Luc, détentrice d’un savoir plus artisanal, est l’héritier, lui aussi de cette façon d’appréhender le bouquet de fleurs, que Monnoyer et Belin de Fontenay ont mis au point, non seulement dans la peinture de chevalet, mais encore dans la festons muraux où ils ont été les plus importants peintres en Europe. En effet, c’est dans ce va et vient entre peinture de chevalet et peinture murale, que les maîtres français ont trouvé leur «griffe» et notamment en faisant le lien entre savoir faire pictural et ambition artistique. Or, dans la paire qui nous occupe, les rapports de tons fondés sur l’amitié des couleurs sont adoucis et ils ont un charme proprement décoratif. De même, la verve qui caractérise la paire étudiée est autant due au caractère «expressif» de la composition, qu’au frémissement de la touche sur la matière picturale. Ces composantes, associées à l’aspect intensément lumineux de la palette, à la simplicité de la gamme colorée –mais au faîte d’une véritable science perspective– au répertoire floral restreint aussi, sont autant d’éléments qui s’accordent particulièrement bien avec le talent de décorateur qui a été celui de Dutilleux, mais encore avec ce que rapportent les sources à son sujet, à savoir qu’il achevait ses œuvres avec une promptitude qui faisait l’étonnement de ses contemporains.
    Si l’art de Dutillieu est profondément marqué par celui de Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699) et par celui de Jean-Baptiste Belin de Fontenay (1653-1715), notre peintre retient du premier l’aspect général de la composition. Le bouquet est aéré, ni trop chargé, ni trop touffu ; les fleurs de fleuriste et les fleurs sauvages, se mêlent les unes aux autres, la lumière venant de haut et de face ne crée pas d’ombres marquées, et quoique les teintes chaudes et froides soient harmonieusement représentées, la tonalité générale est argentée et froide. Comme chez Monnoyer, le répertoire des variétés florales est restreint et, de fait, l’anémone double, les roses mousseuses et gallica, mais encore le rameau de cerisier et les fleurs d’orangers tout autant que le brio de la touche, sont un hommage clair à l’art de Jean-Baptiste Monnoyer. Viennent en revanche de Belin de Fontenay la gaîté de la palette, l’aspect intensément lumineux et comme mouillé de lumière du bouquet et déjà un charme champêtre que Belin de Fontenay a su insuffler à quelques unes de ces peintures de chevalet (citons la Corbeille de fleurs du musée du Louvre, signée et probablement œuvre tardive du maître de Caen).
    Toute ces considérations permettent de penser que notre paire a pu être peinte vers 1730.
    Cette rare paire qu’on peut penser avoir été acquise à l’occasion d’un mariage, devait possiblement être accrochée en miroir, à savoir un tableau en face de l’autre et non pas l’un à la suite de l’autre. Dans un tel dispositif, en effet, une allusion à l’hyménée peut être lue entre la giroflée à la fragrance suave mariée au parfum âpre de l’oranger dont l’union enfantera une senteur
    nouvelle.
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22 juin 2021 18:00 CEST
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