Autopsie d’un tableau ancien, comprendre l’authentification
Parmi les missions des maisons de ventes, l’estimation d’une œuvre est une étape primordiale et va engager le succès de la vente à venir tant pour le vendeur que pour le futur acquéreur. Pour que cette évaluation soit la plus juste possible, l’authentification de l’œuvre est évidemment déterminante. L’authentification d’un tableau (ancien ou non) et l’attribution à son auteur est même un passage essentiel. Ce travail, parfois délicat d’ailleurs, est aussi passionnant et constitue la base du métier d’expert ou de commissaire-priseur, qui agissent comme de véritables légistes d’œuvres d’art.
On vous partage les coulisses de l’expertise d’une tableau ancien pour mieux comprendre le procédé d’identification d’une oeuvre.
Le certificat d’authenticité
Avant d’évoquer les principes de l’authentification d’un tableau ancien, il est bon de rappeler que, dans de nombreux cas, ceux-ci sont vendus (et donc acquis) sur la base d’un certificat d’authenticité, un document qui atteste la valeur et permet d’assurer pleine confiance à l’acheteur. Ce certificat, délivré soit par l’artiste lui-même de son vivant, soit par un commissaire-priseur ou un marchand d’art, représente la carte d’identité unique et infalsifiable de l’œuvre. On y trouve par exemple le nom du peintre, mais aussi des photos de l’œuvre, ses dimensions, les matériaux et techniques utilisés, un numéro d’identification pour les séries et une signature de l’artiste. Mais dans le cadre d’oeuvres anciennes, souvent récupérées en héritage par exemple, il est assez fréquent de ne pas disposer des documents attestant l’authenticité de l’oeuvre, il faut alors en faire l’attribution.
L’attribution de l’œuvre à son auteur
Pour les œuvres dépourvues de certificat et destinées à une vente aux enchères, le travail d’attribution s’impose alors. Les experts vont s’attacher à attribuer la paternité (ou la maternité) d’un tableau à un artiste. Il s’agit d’une véritable enquête qui mêle expertise technique, artistique et recherche documentaire, cela peut d’ailleurs prendre de longues semaines… L’exercice consiste en effet à trouver des indices solides et concordants qui, au-delà de dater une œuvre et de l’associer à un courant (impressionniste, naturaliste, renaissance …) ou une école artistique, va surtout permettre de trouver son auteur avec un degré de certitude suffisant. C’est souvent en conjuguant plusieurs approches que l’énigme trouvera sa solution.
Les méthodes d’authentification
Parmi les moyens à la disposition des experts, leur œil acéré et leur connaissance pointue, de l’histoire de l’art, des œuvres des grands maîtres et d’artistes plus confidentiels, leur permettent d’identifier les techniques utilisées et le traitement des matériaux pour établir des hypothèses. Le trait des dessins également, les perspectives du tableau, les représentations des figures représentées sont aussi scrutés et vont souvent trahir les habitudes de leur auteur (s’il est gaucher ou droitier par exemple, si la forme des visage correspond à une période particulière, le nombre de couches de peinture…).
La recherche documentaire est ensuite un outil précieux. Les tableaux anciens ont une histoire et celle-ci est parfois retracée dans des livres de vente, des documents d’archives ou des écrits laissés par l’artiste lui-même qui y fait état de ses créations, de leur commanditaire et de leur acquisition par tel ou tel collectionneur… Ce travail permet d’imaginer le parcours du tableau depuis sa création ou du moins de remonter suffisamment dans son passé pour confirmer ou infirmer les premières hypothèses d’attribution.
Les examens scientifiques sont aujourd’hui largement utilisés en complément. Ils sont particulièrement utiles pour déceler d’éventuelles contrefaçons. L’analyse au microscope des matières et de leur état de conservation permet en effet une datation fiable de l’œuvre. Les rayons X également peuvent être utilisés pour révéler si une œuvre plus ancienne se cache sous les premières couches de peinture et si celle-ci est concordante avec les pistes envisagées. Il en est de même pour les nouvelles technologies, tel que le scanner 5D by Artmyn, dont Tajan est utilisateur depuis plusieurs années, qui, à l’aide d’une technologie de scan pointue, permet véritablement de transporter l’expert au coeur du tableau, révélant traces, matières, jeux de superposition et infimes détails, comme vous pouvez le constater dnas la vidéo à suivre.
L’utilisation de ces techniques modernes viennent renforcer ou infirmer les hypothèses, néanmoins elles ne pourront jamais attester de la main qui a réellement tenu le pinceau.
Retrouvez également le détail de notre prochaine vente consacrée aux tableaux anciens le 18 décembre prochain !