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Maria Helena Vieira Da Silva, Joan Brown… en vente le 29 novembre 2023

Maria Helena Vieira Da Silva, Joan Brown…

En vente le 29 novembre 2023 à 19h

 

PARIS – Le département Art Contemporain de la Maison de ventes Tajan dévoile en exclusivité quelques œuvres phares qui seront présentées lors de sa vente de prestige « Art d’après-guerre et Contemporain » le 29 novembre 2023 à 19h.

 

 

 


 

Maria Helena Da Silva – Tempête – 1957

 

 

 

“Dans Tempête, de 1957, le gris, en tirant sur le bleu, s’empare des caractéristiques de la couleur qui le teinte, par l’impression d’éloignement et d’extérieur infini dont il se nimbe”

Diane Daval Béran in Vieira da Silva, Monographie, Éditions Skira, Genève, 1993, p. 345

 

 

Peinte en 1957, tout juste un an avant que le Kestner-Gesellschaf de Hanovre ne tienne la première exposition rétrospective de Maria Helena Vieira da Silva, présentée ensuite au Kunstverein de Brême et au Kunst- und Museumsverein à Wuppertal, et que celle-ci n’obtienne une mention au Prix annuel du Guggenheim Museum, Tempête est un remarquable exemple de l’approche unique de la représentation de l’espace qui caractérise l’œuvre de celle qui figure parmi les plus grands noms de la peinture abstraite d’après-guerre.

Née à Lisbonne en 1908 et très tôt familiarisée avec l’art grâce à son grand-père, Vieira da Silva quitte son pays natal, à l’âge de dix-neuf ans, pour Paris, où elle poursuit sa formation auprès du sculpteur Antoine Bourdelle à l’Académie de La Grande Chaumière. Elle décide de se consacrer, dès 1929, essentiellement à la peinture et fréquente l’Académie de Fernand Léger puis suit l’enseignement de Roger Bissière à l’Académie Ranson. Fortement marquée par la peinture siennoise, découverte deux ans plus tôt lors d’un séjour en Italie, mais aussi par l’architecture et la musique, Vieria da Silva se passionne très vite pour les problèmes spatiaux et la perspective sera pour elle le sujet d’un questionnement sans relâche tout au long de sa carrière.

Si jusqu’aux années cinquante, Vieira da Silva utilisait la perspective pour définir des lieux intérieurs et fermés, elle lui sert aussi à qualifier dès le début de cette décennie des espaces extérieurs. Avec une palette apparemment neutre et restreinte, Tempête, de 1957, évoque un paysage immatériel, liquide, oscillant entre rêve et réalité, perception et mémoire. Vue de ciel et de mer mêlés ? Ville dans le brouillard ? Autant d’incertitudes qui font partie de la poésie du tableau. Les dégradés de bleus et la gamme des gris contiennent des nuances subtiles et infinies donnant à la peinture son aspect vibratile et dense. Ces touches de couleurs qui composent le paysage flottent dans un équilibre qui se fait et défait sous l’œil du spectateur, provoquant un sentiment d’instabilité et de mouvement si particulier aux œuvres de Vieira da Silva. Traversant ces camaïeux de gris et de bleus, un réseau de lignes sombres semble “se diluer dans la fluidité des couleurs qui les embrassent.”¹

Certaines s’étendent latéralement entraînant un élargissement du champ visuel et un sentiment d’illimité, renforcé par la multiplication des points de fuite. Comme le décrit Diane Daval Béran au sujet de notre œuvre, “les directions de la peinture sont données par la touche, ample, que le trait se borne à souligner. Comme si d’urbain, le paysage, par la déconstruction qui s’opère, revenait à la nature. Comme si d’artificielles, les règles de la perspective, après avoir été si longuement disséquées par l’artiste, lui étaient devenues naturelles.”²

Évoquant une vision de l’espace fracturé, démultiplié, vibrant et complexe, aux limites de l’abstraction et de la figuration, Tempête témoigne de l’exploration de l’artiste d’un monde pictural et mental apparemment infini dans lequel, au moyen d’irrationnelles perspectives, le regard se perd avec jubilation. Tout comme son titre le suggère, la composition, d’apparence indisciplinée, n’est cependant pas détournée de toute structure et ordre sous-jacents. Michel Seuphor avait ainsi très tôt formulé : “La beauté de l’œuvre est précisément cette puissance canalisée, cet éclatement vu au ralenti en quelque sorte. Une discipline sévère, que cache le jeu léger, l’apparente improvisation des lignes et des couleurs, décide du moindre trait de pinceau qui jamais n’est dépassé par le tempérament. Ou plutôt, ce tempérament, chez Vieira da Silva, est tempérance, ordre, orchestration. Ce qui surprend, c’est que cette règle, cet art si fermement tenu en bride, permette en même temps une expression aussi intense, médiumnique, du monde intérieur. Rigueur et liberté font ici un exaltant mariage. L’art d’un Mondrian était pur style, celui de Van Gogh pur cri. Chez Vieira da Silva, le style et le cri sont simultanés dans chaque peinture, étroitement enchevêtrés dans chaque moment de peinture.”³

Largement exposée à travers l’Europe et l’Amérique du Sud au cours des quatre décennies qui ont suivi sa réalisation, Tempête est restée jusqu’aujourd’hui dans la famille de Jorge de Brito, dont la collection était très probablement la plus importante de la seconde moitié du XXe siècle en mains privées au Portugal, et grâce à qui la Fondation Arpad Szenes-Vieira da Silva a ouvert ses portes en 1994 à Lisbonne avec une collection d’œuvres d’une qualité incontestable.

1 Diane Daval Béran in Vieira da Silva, Monographie, Éditons Skira, Genève, 1993, p. 302
2 Ibid, p. 210
3 Michel Seuphor in Vieira da Silva, ‘Introducton’, cat. exp., Galerie Pierre, Paris, 1949

 

 


 

Joan Brown – The Kiss – 1976

 

 

 

“If there is a San Francisco style, a San Francisco atitude, that style, and that atitude can be found epitomized in her paintings.”

Philip Leider in Artorum, juin 1963

 

Peint en 1976, The Kiss met en scène un couple amoureux s’enlaçant sur un banc. Les ombres allongées des personnages et les tons orangés semblent indiquer que l’étreinte a lieu en début de soirée alors que le soleil se couche. L’œil du spectateur est guidé par la rambarde qui dessine une ligne de perspective dynamique. Devant les personnages, l’immensité du paysage accentue le romantisme de la scène. Exécutée avec une économie de détails, des formes simplifiées et de larges aplats de couleurs, The Kiss est un magnifique témoignage de l’exploration picturale de Joan Brown au long de ses trois décennies de carrière et de son intérêt profond pour l’expérience humaine et la vie quotidienne, qu’il s’agisse de dépeindre un chagrin d’amour, des chats domestiques ou des croyances spirituelles.

Joan Brown est née à San Francisco en 1938 où elle a vécu et travaillé la majeure parte de sa vie. Profondément ancrée dans cette scène artistique, amie et contemporaine de Bruce Conner, Wallace Berman et Jay DeFeo, l’artiste se situe aux frontières de l’abstraction et de la figuration. Après avoir fréquenté la California School of Fine Arts, elle connaît un succès rapide en travaillant dans le style de son mentor, le peintre figuratif de la région de la baie, Elmer Bischoff. Ses premières peintures, avec leurs empâtements épais et leurs images gestuelles de personnages et d’objets ordinaires, reçoivent une attention nationale en étant exposées dès la fin des années 1950. L’acquisition d’une de ses toiles par le Museum of Modern Art de New York en 1960, et l’illustration d’une de ses œuvres en couverture du magazine Artorum en 1963, peu après son vingt-cinquième anniversaire, traduisent ce succès précoce. L’article affirmait alors que “s’il existe un style de San Francisco, une attitude de San Francisco, ce style et cette attitude se retrouvent dans ses peintures” (Philip Leider in Artorum, juin 1963).

Pourtant, en 1965, se sentant limitée dans son style par son association avec le mouvement figuratif de la Bay Area, Joan Brown ressent le besoin d’explorer différentes manières de peindre. À la fin des années 1960, elle se lance dans un style radicalement différent, marqué par des couleurs vives et une franchise graphique qu’elle développera pour le reste de sa carrière. S’inspirant de diverses sources pour créer un ensemble d’œuvres séduisantes et décalées qui embrassent à la fois la fantaisie et des thèmes plus lourds, son œuvre est ludique, imaginative et autobiographique. The Kiss, dont le choix des couleurs et le traitement en aplats donnent une dimension onirique à la scène, voire irréelle, témoigne de cette recherche picturale constante chez Joan Brown. Après plusieurs voyages en Inde et poussée par une curiosité profonde, ses dernières œuvres présenteront une symbologie de plus en plus vaste, à mesure qu’elle poursuit un chemin plus spirituel et métaphysique, jusqu’à sa mort prématurée en 1990.

L’œuvre de Joan Brown a été présentée au Carnegie International de Pittsburgh en 1964 et aux Biennales du Whitney à New York en 1972 et 1977. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles au San Francisco Museum of Art en 1971 et au Berkeley Art Museum en 1974, puis en 1998. Une large rétrospective vient de lui être consacrée au San Francisco Museum of Modern Art (19 novembre 2022-12 mars 2023) et au Carnegie Museum of Art de Pittsburgh (27 mai-24 septembre 2023).

 

Anecdote

Alors que l’importante rétrospective consacrée à Joan Brown et présentée au San Francisco Museum of Modern Art puis au Carnegie International de Pittsburg vient de s’achever, le département Art Contemporain est heureux de dévoiler une œuvre majeure de cette figure emblématique de la scène artistique de la baie de San Francisco, The Kiss (1976).

Provenant d’une importante collection privée européenne, The Kiss, avec ses couleurs vives et sa franchise graphique, est caractéristique du style développé par Joan Brown à la fin des années 60 s’inspirant notamment de thèmes autobiographiques. Mettant en scène un couple s’enlaçant sur un banc, notre œuvre, qui pourrait évoquer un souvenir personnel de l’artiste, est mise en abîme dans un autoportrait réalisé l’année suivante et conservé dans les collections de la Pennsylvania Academy of the Fine Arts.

 

 

© Estate of Joan Brown, courtesy of George Adams Gallery, New York

 


 

 

 

DÉCOUVRIR LA VENTE “ART D’APRÈS-GUERRE & CONTEMPORAIN”

Mercredi 29 novembre 2023 à 19h
Tajan, 37 rue des Mathurins, 75008 Paris

 

CONTACTS
Julie Ralli – Directeur du département
T. : +33 1 53 30 30 55 – [email protected]

Marion Richard – Spécialiste
T. : +33 1 53 30 30 56 – [email protected]