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Beaux succès pour une redécouverte de deux tableaux de Pietro Lorenzetti

Beaux succès pour une redécouverte de deux tableaux de Pietro Lorenzetti

Artiste majeur de l’école Siennoise du début du XIVe siècle

Vente aux enchères le 13 décembre 2023 à 18h

 

La maison de ventes TAJAN a vendu le 13 décembre 2023, deux tableaux de Pietro Lorenzetti (documenté à Sienne de 1306 à 1345), un artiste aussi rare que majeur pour la peinture à fond d’or de l’École Siennoise du début du XIVe siècle. Ces deux panneaux sur bois de peuplier, représentant Saint Silvestre et Sainte Hélène, d’emblée reconnaissables mais totalement inconnus jusqu’ici, proviennent de l’ancienne Collection Ramé. Ils ont été acquis en 1860 à Paris par ce haut magistrat passionné d’archéologie et d’histoire dont les archives ont été données au Musée de Rennes. Conservés par ses descendants qui avaient déjà cédé une partie de leur collection chez Tajan en 1985, ces deux tableaux constituent une véritable redécouverte du Cabinet Turquin. Ces deux œuvres du plus grand peintre siennois de sa génération, faisaient probablement partie d’un grand retable composé de cinq ou sept panneaux, qui fut démembré comme la plupart d’entre eux, passés de mode au XVIIIe siècle et dispersés au XIXe siècle.

Les deux panneaux ont été vendu séparément avec une estimation de 1,5 à 2 millions d’euros pour Saint Silvestre et 400.000/600.000€ pour Sainte Hélène, une différence justifiée par l’état de conservation exceptionnelle de l’un par rapport à l’autre. Ces deux œuvres ont respectivement trouvé preneur à 3 034 800€ et 1 657 600€ (frais compris).

 

 

PIETRO LORENZETTI
(Documenté à Sienne de 1306 à 1345)
SAINT SILVESTRE
Peinture à l’œuf et fond d’or sur panneau de bois rectangulaire au fil vertical, entouré d’un cadre doré moderne.
H .70cm ; L.36,5cm, épaisseur 3cm panneau seul

Estimation : 1,5 à 2 millions d’euros
Résultat : 3 034 800€
Expert : Cabinet Turquin

 

 

L’apport de cette découverte dans l’histoire de l’art

Ces deux panneaux viennent compléter le corpus des œuvres de Pietro Lorenzetti qui, aux côtés de son frère Ambrogio et de leur émule Simone Martini, formés à l’art de Duccio et sensibles à celui du grand florentin que fut Giotto, constituent les plus beaux fleurons de la peinture siennoise du début du XIVe siècle. A l’instar de ses compagnons, Pietro Lorenzetti, né vers 1280 et vraisemblablement disparu comme son frère, lors de la grande peste de 1348, réalisa fresques, retables et tableaux de dévotion tant à Sienne qu’alentour, à Assise, Arezzo et Cortone. Mais, contrairement à ces derniers, il manifeste un tempérament très dramatique et passionné. Préoccupé par des problèmes tout à fait modernes d’expression pathétique ou d’éloquence tragique, son talent naturel s’accompagne d’une expression profonde des sentiments. Il transforme ainsi la tradition byzantine siennoise en une représentation réaliste et humaine.

 

Un corpus d’une trentaine d’œuvres connues

On ne connait qu’une trentaine d’œuvres de Pietro Lorenzetti dans le monde, la seule figurant dans les collections du musée du Louvre fut acquise lors d’une vente aux enchères à Drouot en 1986. Parmi les retables connus et documentés de Pietro parvenus jusqu’à nous, citons la Maesta de Cortone (Museo Diocesano), le retable signé pour la pieve (paroisse) d’Arezzo commandé en 1320 par l’évêque de cette cité, encore en place et le retable de la Naissance de la Vierge pour le Dôme de Sienne documenté en 1335-1342 (Sienne, Museo dell’Opera del Duomo).
Pour les œuvres non documentées mais signées ou reconstituées par la critique figurent entre autres : les retables de Monticchiello (avant 1320), de l’église du Carmine de Sienne signé et daté 1328-1329, Loeser (vers 1340) et de San Giusto vers 1345 (Sienne Pinacoteca Nazionale, n.50). Parmi les fresques, il convient de citer à Assise, la décoration du transept gauche de l’église inférieure, vers 1320-1326, celle de l’ancienne salle capitulaire du couvent San Francesco de Sienne (Sienne, Eglise San Francesco et Museo dell’Opera del Duomo), également vers 1326, et enfin celle de l’église de Castiglione del Bosco datée de 1345.

 

 

PIETRO LORENZETTI
(Documenté à Sienne de 1306 à 1345)
SAINTE HELENE
Peinture à l’œuf et fond d’or sur panneau de bois rectangulaire au fil vertical, entouré d’un cadre doré moderne.
H.69,8cm ; L. 37cm, épaisseur 3cm panneau seul

Estimation : 400.000/600.000€
Résultat : 1 657 600€
Expert : Cabinet Turquin

 

 

Une iconographie humaniste

Saint Silvestre est un homme de pouvoir. Pape de 314 à 335, sous le règne de l’empereur Constantin 1er, il tient les rênes de l’Église à une époque charnière du christianisme. Saint Silvestre est représenté coiffé d’une tiare byzantine, la présence d’attributs orientaux rappelant son rôle capital dans les luttes entre Rome et Byzance, un débat toujours d’actualité en 1325. Sa destinée, est inséparable de celle de l’empereur, qu’il baptise de même que sa mère Hélène, faisant de Constantin le premier souverain romain à tolérer puis à épouser la foi chrétienne. Hélène est généralement décrite sous les traits d’un personnage de haut rang puisque impératrice, mais convertie et œuvrant pour la propagation de la foi chrétienne. Elle fut canonisée, donc considérée comme sainte par les églises catholique et byzantine. Selon la légende, elle serait l’inventeur de la vraie croix du Christ.

 

Une peinture d’orfèvre

Pietro Lorenzetti est un créateur majeur pour la peinture à fond d’or, faisant de ses œuvres de véritables tableaux d’orfèvre. Utilisant la peinture à l’œuf sur fond d’or, couleur de l’éternité, ainsi que des poinçons extrêmement élaborés ainsi que des couleurs pures sans mélanger ses pigments, l’artiste maitrise parfaitement la technique qui a permis aux tableaux, peints sur du bois de peuplier, de traverser les siècles sans altération.

 

 


 

La France Terre de redécouvertes de tableaux primitifs majeurs

Plusieurs tableaux primitifs majeurs ont été redécouverts en France ces dernières années : La dérision du Christ, petit panneau de Cimabue, retrouvé à Compiègne, adjugé 24,18 millions d’euros le 27 octobre 2019 par Maître Dominique Le Coënt à Senlis, classé Trésor National et finalement acquis par le Louvre en novembre 2023 ; La Vierge et l’Enfant en trône, vers 1350 du Maître de Vissy Brod, acheté par le Metropolitan Museum pour 6,2 millions d’euros un mois plus tard dans une vente dirigée par Maître Cortot à Dijon, enfin la vente par Artcurial le 22 mars 2022, pour 1,3 million d’euros, d’un petit panneau de Bernardo Daddi.

Pendant des siècles et jusqu’à la crise de 29, la France s’est enrichie et a importé des œuvres d’art de l’étranger, accumulant un patrimoine unique durant les XVIIIe et XIXe siècles. Ce n’est qu’à partir de 1914, avec les impressionnistes et les cubistes, qu’elle a commencé à exporter jusqu’à se faire doubler par les places de New York et Londres dans les années 70. Il faut rappeler que jusqu’en 1992, l’état français pouvait interdire aisément les sorties du territoire, favorisant de manière contradictoire les ventes discrètes à l’étranger. Depuis 1992, l’assouplissement de ces contraintes a entrainé un changement de cap mais il a fallu 20 ans pour retrouver la confiance des collectionneurs, l’essor d’Internet ayant fait le reste, prouvant chaque jour que l’on peut vendre partout dans le monde depuis n’importe quelle ville en France » explique Eric Turquin, à l’origine des recherches et de l’attribution de ces dernières découvertes.

 


 

CONSULTER LES RESULTATS DE LA VENTE « TABLEAUX & DESSINS ANCIENS »

Mardi 13 décembre 2023 à 18h
Tajan, 37 rue des Mathurins, 75008 Paris

 

CONTACTS

Tajan
Thaddée Prate – Directeur du département « Tableaux anciens »
T. : +33 1 53 30 30 47 – [email protected]

Ariane de Miramon – Directeur Marketing et Communication
T. : +33 1 53 30 30 68 – [email protected]

 

Expert
Eric Turquin – Cabinet Turquin
T. : +33 1 47 03 48 78 – [email protected]

 

Relations presse
Sylvie Robaglia – Art & Communication
T. : +33 6 72 59 57 34 – [email protected]