VENTES AUX ENCHERES

Une oeuvre de l’artiste new-yorkais Kaws en vente en décembre.

KAWS – CHUM, 2016

Chum incarne parfaitement le vocabulaire visuel de KAWS. Inspirée du bonhomme Michelin, cette oeuvre démontre toute la capacité de l’artiste à s’approprier des personnages fictifs emblématiques de la pop culture pour les transformer en une création unique. KAWS appose sa signature artistique, rendant l’oeuvre immédiatement reconnaissable : une tête de mort cartoonesque évoquant les drapeaux de pirate, avec les os croisés en guise d’oreilles, et ses désormais caractéristiques yeux en croix. Il en résulte une figure hybride, à la fois inquiétante et rassurante.

KAWS développe très tôt son iconographie. Comme pour beaucoup de ses contemporains, ses premières explorations artistiques se font dans la rue où il bombe panneaux d’affichage, murs et trains, pour s’imposer à New York à la fin des années 90 comme l’un des graffeurs les plus prolifiques de la ville. Au détour d’une nuit de tags dans les rues de Brooklyn, il croise Barry Mc Gee qui lui offre une clé permettant d’ouvrir les panneaux de verre sur les affiches d’abris bus et de cabines téléphoniques. Son intervention devient alors plus directe, insérant subrepticement ses personnages aux publicités originales et défigurant ainsi les images consuméristes offertes au public new-yorkais. Ses interventions étaient si habilement exécutées qu’il était souvent difficile de distinguer le travail de l’artiste de l’original.
Tirés de cartoons et d’imageries populaires, les personnages de KAWS semblent représenter pour lui un moyen de communication unique et puissant : ‘[I] found it weird how infused a cartoon could become in people’s lives; the impact it could have, compared to regular politics’ (Brian Donnelly in Graffiti Artist Turned Gallery Artist Turned Art Toy Maker, KAWS, février 2007). À la manière de Jeff Koons et Takashi Murakami, il brouille ainsi les frontières entre beaux arts, illustration et publicités dans la continuité du maître du Pop Art Andy Warhol. Ce dernier avait en effet ouvert la voie en transfigurant et en élevant des icônes populaires à une forme d’art plus noble. À son instar, KAWS semble être conscient de sa propre complicité avec la culture populaire et s’efforce d’interagir autant que possible avec elle, tant dans les grandes galeries de New York ou Paris que sur les tee-shirts Nike ou Uniqlo. Plus qu’un commentaire général sur la culture populaire, les médias et la production commerciale, le travail de KAWS est davantage personnel et introspectif. Ainsi, en remaniant des personnages immédiatement identifiables tels
que Mickey Mouse, les Simpsons, ou le bonhomme Michelin, à travers des peintures aux contours denses soulignant la ligne et la couleur, des sculptures monumentales ou des toys à grande édition, KAWS transcende les frontières de classe, de genre et de culture avec un langage universel. Ses personnages ont des noms amicaux – Companion, Complice ou Chum (qui se traduit par ami) – et expriment un éventail d’émotions humaines, offrant un regard ironique et curieux sur les rêves et fantasmes véhiculés par l’imagerie de la culture populaire.

Si une certaine anxiété se dégage de cette oeuvre, notre Chum, inspiré du bibendum Michelin, figure rassurante et confortable, semble accourir vers nous pour nous protéger des aléas de la vie. À la manière de KAWS, nous pourrions réinterpréter le slogan Michelin « Le bon pneu peut tout changer » en « Le bon Chum peut tout changer » !

« I always feel like there’s a story with images and with the characters. The best ones inspire new interpretations (…) Icons like Mickey, the Simpsons, the Michelin Man, and SpongeBob exist in a universal way that you forget their origin or even their narrative, and you just recognize them from the slightest glimpse of their image or sound.» Kaws

KAWS – CHUM, 2016. Acrylique sur toile montée sur panneau. 152 x 124 cm. Est.  200000 / 300000 €

Vente Art contemporain, jeudi 7 décembre 2017, 19h – Lot 27