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Une oeuvre de Sonia Delaunay aux enchères le 18 juin 2024

« Rythme Couleur »
Sonia Delaunay – 1973

 

Inédite sur le marché de l’art, l’huile sur toile Rythme Couleur de Sonia Delaunay fut peinte à Paris en 1973. Elle est un témoignage exceptionnel du travail de l’artiste et de son application de la théorie du Simultanisme (ou Orphisme selon Apollinaire) en peinture. Alors que Sonia Delaunay fut souvent qualifiée de « décoratrice » par la critique, cette toile vient rappeler l’importance des recherches d’une grande peintre avant tout.

Bleu, blanc, rouge, noir, vert, gris : six couleurs dont celles du drapeau français.

1973 : six décennies après les premières recherches des époux Delaunay sur le Simultanisme en peinture.

En arrière-plan, une hélice stylisée : modernité, mouvement, rotation.

 

Rythme Couleur peinte en 1973 à Paris par Sonia Delaunay vient confirmer les recherches plastiques de toute une vie. Les couleurs et les formes disposées par l’artiste sur la toile sont l’expression de la théorie du Simultanisme, développée par Robert Delaunay en 1912-1913. Cette théorie est revendiquée par le couple Sonia et Robert qui initient un dialogue artistique fécond dès les premières années de leur vie commune. Selon eux, la lumière dissout la forme et crée la sensation de couleur en mouvement. Ce mouvement « synchrome » peut être obtenu sur une toile par des effets de contrastes entre les couleurs et les formes.

Robert Delaunay reconnaît dans ses écrits théoriques sa dette envers l’ouvrage de Michel-Eugène Chevreul, De la loi du contraste simultané des couleurs publié en 1839 dans lequel l’auteur dissèque avec précision les mécanismes par lequel l’œil réagit au stimulus des couleurs. La couleur est le centre de leur recherche picturale, autour de laquelle gravite la poésie, l’art total et la volonté d’un art pour tous. C’est une voie nouvelle qui est ouverte dans le champ de l’art, un mouvement qu’Apollinaire nomme l’Orphisme et qu’il définit comme un nouveau langage rivalisant avec celui des poètes dont Orphée est la figure tutélaire.

Apollinaire écrit dans l’Intransigeant en 1913 : « On a déjà beaucoup parlé de l’orphisme. C’est la première fois que cette tendance se manifeste. Elle réunit des peintres de caractère très différents qui tous, dans leurs recherches, sont arrivés à une vision plus intérieure, plus populaire, plus poétique de l’univers et de la vie. Cette tendance n’est pas une invention subite, elle est l’évolution lente et logique de l’impressionnisme, du divisionnisme, de l’école des fauves et du cubisme ».

Le Simultanisme ou l’Orphisme s’inscrit dans la lignée des recherches sur le Cubisme initiée dès 1907 par Braque et Picasso. Les artistes des avant-gardes dont fait parte Sonia Delaunay s’éloignent de la mimèsis en décomposant les figures. Figures et objets disparaissent peu à peu de la toile pour laisser apparaître motifs, couleurs et lignes. La volonté est commune à tous d’une rupture dans l’art de la composition, mais aussi d’un abattement des frontières entre les disciplines artistiques. Ainsi, le langage de la musique va peu à peu s’introduire dans les arts plastiques avec notamment l’abstraction lyrique de Kandinsky. Les tableaux se nommeront Composition, Fugue, Rythme, Couleur.

 

 

 » Tout est sentiment, tout est vrai. La couleur me donne la joie. »

Sonia Delaunay, entretien avec Jacques Damase
extrait du documentaire de Patrick Raynaud « Prises de vue pour une monographie », 1972

 

 

 

Les six couleurs

Les six couleurs utilisées par Sonia Delaunay dans Rythme Couleur résonnent entre elles, s’altèrent et se complètent. Le bleu, par exemple, complète le rouge. Les champs de forces qui naissent entre les couleurs font bouger les formes et créent un effet optique. Le rythme est ensuite introduit par la répétition des formes et des couleurs. C’est en effet à partir des années 1930 que le rythme devient central dans la production de Sonia Delaunay. Elle cite d’ailleurs comme principales sources d’inspiration la lumière, la musique et la danse et dira à ce propos à Roger Bordier « le rythme ondulant et contenu du tango incite les couleurs à bouger ».

 

Les demi-cercles

La répétition des demi-cercles dans Rythme Couleur vise à représenter le mouvement de rotation des hélices considérées au début du XXe siècle comme un symbole de modernité. Ce motif stylisé est récurrent dans l’œuvre de Sonia Delaunay et n’est pas sans rappeler un des épisodes fondateurs de la modernité artistique : la visite de Marcel Duchamp au Salon de l’Aéronautique en 1912. L’artiste stupéfait devant les hélices d’avions prophétisa la mort de la peinture à ses confrères. Les hélices n’eurent pas le même effet sur Sonia Delaunay qui s’amusa à les représenter dans de nombreuses œuvres, dans un hymne aux avancées technologiques et à la conquête du ciel.

Rythme Couleur

L’occurrence du titre Rythme Couleur pour des toiles de Sonia Delaunay est à souligner tant il est courant. L’artiste le répète, comme un mantra, comme une croyance sans cesse renouvelée pour la théorie à laquelle elle a dédié une partie de sa vie et qu’elle n’a jamais cessé d’appliquer à son travail.

L’année 1973

1973 est une année marquante pour la carrière de Sonia Delaunay qui reçoit le Grand Prix des arts de la ville de Paris. Depuis 1941, son époux Robert Delaunay est décédé. Pendant les 10 ans suivant sa mort, elle œuvre à la reconnaissance du travail de son mari. La pratique de la peinture ne quitte jamais sa vie, mais c’est à partir des années 1950 qu’elle s’y consacre de nouveau avec une ardeur renouvelée. La Galerie Denise René la met alors en avant dans de nombreuses expositions et met en perspective son travail avec celui des artistes de l’art optico-cinétique, pour lequel les époux Delaunay ont joué le rôle de pionniers.

 

 

« Comme dans la poésie écrite, ce n’est pas l’assemblage des mots qui compte, c’est le mystère de la création qui donne une émotion ou pas… de même avec les couleurs, c’est la poésie, le mystère d’une vie intérieure qui se dégage rayonne et se communique. A partir de là on peut créer librement un langage nouveau. »

SD, 1968, cité dans Sonia Delaunay,
musée de Grenoble, 15 janvier-15 mars 1974, p.10.

 

 

Sonia DELAUNAY (1885-1979)
Rythme couleur, 1973
Huile sur toile
Signée en bas à droite
65 x 54 cm

 

 


 

INFORMATION SUR LA VENTE

 

« Art Impressionniste & Moderne »
Mardi 18 juin 2024

Tajan Maison de ventes
37 rue des Mathurins
75008 Paris

 

CONTACTS
Responsable
Eva Palazuelos

Spécialiste
Loren Pénélope Richard
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