MAIER (Michael).
Atalanta fugiens hoc est, Emblemata nova de secretis naturae chymica.
[L'Atalante fugitive, ou Les Nouveaux emblèmes chimiques]. Oppenheim, Jérome Gallier (typographe) pour Jean Théodore de Bry (éditeur), 1617. Petit in-4 (145 x 187 mm), 211 pp. et (3) pp. [A - Z4, Aa - Cc4, Dd3.] ; veau brun orné d'un cadre teinté avec contours à froid et palmes aux angles, dos à nerfs refait anciennement (Reliure anglaise). Rare édition originale de l'un des plus beaux livres d'emblèmes alchimiques de l'époque baroque, chef-d'œuvre littéraire, et premier exemple d'un ouvrage imprimé associant texte, image et musique (fugues).
Précieux exemplaire provenant de la collection Harley. Édition originale d'une grande rareté de ce fameux recueil d'emblèmes alchimiques. Elle est illustrée d'un titre gravé relatant le mythe d'Atalante, vierge véloce et chasseresse redoutable, et de 50 belles gravures sur cuivre.
Michael Maier :
L'allemand Michael Maier (1569-1622), compositeur amateur, étudia la philosophie et la médecine entre 1587 et 1596. En 1608, à la cour impériale de Prague, il fut nommé médecin et conseiller de Rodolphe II, qui partageait son intérêt pour les sciences occultes et l'alchimie. Après l'abdication de son protecteur en 1611, Maier quitta Prague pour Amsterdam, l'Angleterre puis retourna en Allemagne en 1616. En 1619, il fut un temps médecin et pharmacien du landgrave Maurice de Hesse Cassel, surnommé " le savant ", puis il le quitta pour aller exercer la médecine auprès du duc de Magdebourg. Considéré comme l'un des principaux défenseurs et promoteurs de l'ordre de la Rose-Croix, il mourut en 1622 à l'âge de 54 ans. Écrivain fécond, Maier composa de nombreux traités, qui furent publiés entre 1616 et 1624, la plupart concernant l'alchimie. Cette discipline permet, selon Maier, une synthèse des sciences et rapproche médecine, histoire, musique, astrologie, agriculture… ligne directrice de son Atalanta fugiens.
Composition et illustration :
Chacune des 50 gravures est précédée d'une fugue musicale (partition avec texte en latin), suivie d'un épigramme en latin ; au-dessus de la gravure, se trouve la devise explicative en latin, au-dessous l'épigramme en latin ; puis suivent deux pages de discours, qui est une dissertation sur la gravure avec des références à la mythologie, aux fables, à la philosophie et aux sciences (médecine, minéralogie, éthique…). Le titre est encadré de scènes représentant l'histoire d'Atalante, racontée par Ovide : on y voit le jardin des Hespérides dans lequel Vénus ramassa les pommes d'or ; Hippomène, le prétendant d'Atalante, qui laissa tomber ces pommes pour retarder Atalante dans sa course ; Atalante et Hippomène, amants dans le temple ; et les amants transformés en un couple de lions. Atalante n'apparaît ensuite plus dans les gravures ; elle est néanmoins omniprésente dans l'ouvrage puisque sa voix mène les fugues musicales qui accompagnent les gravures. Les gravures, non signées, sont attribuées au graveur Mathieu Merian l'aîné (1593-1650), sans doute en collaboration avec son beau-père l'éditeur et graveur Jean Théodore de Bry (1561-1623).
Musique :
Cet ouvrage est l'un des premiers à présenter en parallèle gravures, textes et fugues musicales. Dès le titre, sont annoncées les 50 fugues à trois voix, et dès la préface, Maier insiste sur l'originalité de ce livre qui doit être vu comme une œuvre complète. Ces 50 fugues comportent en un ou plusieurs thèmes, énoncés à trois voix, et répétés fréquemment à des hauteurs différentes. C'est donc une sorte de canon à trois voix, celles d'Atalante, Hippomène et Pomone. Ces "fugues" constituent la seule composition musicale alchimique encore conservée, et captivent toujours les musicologues. Au début du XVIIe siècle, la musique connaît un véritable âge d'or en Europe, et Prague est le principal foyer musical. Maier fut certainement influencé par les musiciens qu'il rencontra au cours de ses pérégrinations : sans doute Monteverdi et Hans Léo Hassler à Prague, puis Fludd en Angleterre, enfin Heinrich Schütz à la cour de Hesse-Cassel.
Le plus rare et le plus recherché des ouvrages de Michael Maier :
On ne connaît que très peu d'exemplaires dans les collections publiques de cette édition princeps de 1617. Néanmoins, Atalanta fugiens fut un ouvrage à succès : un second tirage (considéré comme une seconde édition par la plupart des bibliographes) parut dès l'année suivante chez Jérôme Gallier avec le titre renouvelé à la date de 1618, et avec - au recto du f. B2 (laissé blanc dans l'édition princeps de 1617) - un portrait de Maier. Une nouvelle édition sera publiée en 1687, à Francfort, sans la musique notée et sous un nouveau titre : Secretioris naturae secretorum scrutinum chymicum. Une traduction allemande paraîtra également en 1687 à Francfort.
Prestigieuse provenance anglaise : la collection Harley
Cet exemplaire porte, sur une garde blanche, la mention manuscrite ancienne (vers 1743) : "From the Harleian Library, n° 13209", suivi d'un nom gratté. Le volume appartint à la fameuse collection Harley, réunie à partir de 1704 par Robert Harley (1661-1724), 1er comte d'Oxford et comte Mortimer, développée par son fils Edward Harley (1689-1741), avec l'aide du grand érudit et bibliothécaire Humphrey Wanley ; la fille d'Edward Harley vendit l'important ensemble de manuscrits enluminés à la nation anglaise en 1753. Il fait aujourd'hui partie des trois collections fondatrices de la bibliothèque du British Museum, avec les bibliothèques de Robert Cotton et Hans Sloane. Préalablement, l'ensemble des imprimés avait été vendu au libraire Thomas Osborne en 1741 ; ce dernier engagea Samuel Johnson pour publier le catalogue de cette collection réputée, paru à Londres en 5 volumes, 1743-1745 : Catalogus Bibliothecæ Harleianæ, on y retrouve notre exemplaire sous la cote 13209, p. 815, tome II, 1743. L'ensemble de ces imprimés fut ensuite dispersé par Osborne en ventes successives jusqu'en 1748.
Sur le feuillet suivant, ex-libris manuscrit anglais d'un précédent propriétaire : "Mr Henry Morland (..) Goggeshall (...) ano 1683".
Références bibliographiques :
- Duveen, Bibliotheca alchemica et chemica, 1949 : p. 381 : "The Atalanta Fugiens is generally regarded as Maier's rarest work and it is also the most sought after, for the splendid engravings by de Bry, which belong to the finest samples of hermetical illustrations. (...) All reference books give 1618 as the date of the first édition. This copy is plainly dated 1617 and p. 11 (which usually contains a portrait of Maier) is blank. It thus appears that it is of the real first edition which is so rare as to be unrecorded by any of the usual authorities. I know of only two other copies of this 1617 édition : one in the private library of M. Gerard Heym and one in the library of Wellesley College (USA). (...) My copy (...) comes from the celebrated libraries of Baron Portalis, with his bookplate, and Rahir".
- Landwehr, German emblem books, 409 : "One of the few emblem books with fugues and of an alchemical nature".
- Ferguson, Bibliotheca chemica, II, pp. 62-63.
- Macphail, I, 76.
- pas dans Schwedt, Ex bibliotheca chymica 1500-1800 (89 : édition 1708). - pas dans Caillet, III (6988 : édition 1618 : "le plus rare comme le plus recherché des ouvrages de Maier"). Rousseurs, taches, large mouillure ; renfort ancien marginal au f. Miv ; déchirure sans manque p. 167. Reliure très frottée, dos et coins restaurés.

    Notes:
  • Prestigieuse provenance anglaise : la collection Harley
    Cet exemplaire porte, sur une garde blanche, la mention manuscrite ancienne (vers 1743) : "From the Harleian Library, n° 13209", suivi d'un nom gratté.
    Le volume appartint à la fameuse collection Harley, réunie à partir de 1704 par Robert Harley (1661-1724), 1er comte d'Oxford et comte Mortimer, développée par son fils Edward Harley (1689-1741), avec l'aide du grand érudit et bibliothécaire Humphrey Wanley ; la fille d'Edward Harley vendit l'important ensemble de manuscrits enluminés à la nation anglaise en 1753. Il fait aujourd'hui partie des trois collections fondatrices de la bibliothèque du British Museum, avec les bibliothèques de Robert Cotton et Hans Sloane. Préalablement, l'ensemble des imprimés avait été vendu au libraire Thomas Osborne en 1741 ; ce dernier engagea Samuel Johnson pour publier le catalogue de cette collection réputée, paru à Londres en 5 volumes, 1743-1745 : Catalogus Bibliothecæ Harleianæ, on y retrouve notre exemplaire sous la cote 13209, p. 815, tome II, 1743. L'ensemble de ces imprimés fut ensuite disperse? par Osborne en ventes successives jusqu'en 1748.

    Sur le feuillet suivant, ex-libris manuscrit anglais d'un précédent propriétaire : "Mr Henry Morland (..) Goggeshall (...) ano 1683".


    Références bibliographiques :
    - Duveen, Bibliotheca alchemica et chemica, 1949 : p. 381 : "The Atalanta Fugiens is generally regarded as Maier's rarest work and it is also the most sought after, for the splendid engravings by de Bry, which belong to the finest samples of hermetical illustrations. (...) All reference books give 1618 as the date of the first édition. This copy is plainly dated 1617 and p. 11 (which usually contains a portrait of Maier) is blank. It thus appears that it is of the real first edition which is so rare as to be unrecorded by any of the usual authorities. I know of only two other copies of this 1617 édition : one in the private library of M. Gerard Heym and one in the library of Wellesley College (USA). (...) My copy (...) comes from the celebrated libraries of Baron Portalis, with his bookplate, and Rahir".
    - Landwehr, German emblem books, 409 : "One of the few emblem books with fugues and of an alchemical nature".
    - Ferguson, Bibliotheca chemica, II, pp. 62-63.
    - Macphail, I, 76.
    - pas dans Schwedt, Ex bibliotheca chymica 1500-1800 (89 : édition 1708).
    - pas dans Caillet, III (6988 : édition 1618 : "le plus rare comme le plus recherché des ouvrages de Maier").


    Rousseurs, taches, large mouillure ; renfort ancien marginal au f. Miv ; déchirure sans manque p. 167. Reliure très frottée, dos et coins restaurés.



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